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Le matos de Stéphane -
Gibson Les Paul Reissue 1960 Enregistrement:
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2.
Seconde période : Eilean
Nous sommes en 1993; avec l'arrivée de Florence au chant, le groupe
rebaptisé Eilean (allusion à Eilean Donan Castle, Dornie, Ecosse)
prend ses quartiers dans le grenier de la grand mère de Stéphane,
tellement sourde que le volume de sa télé couvre allègrement
celui des amplis marshall 80 watts.
L'absence
de section rythmique se fait cruellement ressentir; l'ampli qui distillait
les sons de radiateurs de la boite à rythme prend feu; Florent délaisse
la guitare pour la basse...
Des divergences apparaissent au sein du groupe entre les deux guitaristes
à propos de l'obstination de Florent, toujours pressé, de finir
les morceaux deux mesures avant tout le monde.
Stéphane décide alors de prendre à sa charge le réalisation
de ce qui sera le seul album d'Eilean, "Aux alentours de Nullepart".
Il enregistre toutes les guitares, programme les boites à rythmes,
déniche même une vieille basse qu'il rachète 15 euros
et dont il arrivera à sortir n'importe quel son sauf celui d'une basse;
Florence enregistre toutes les parties vocales (sauf les râles d'orgasmes
de l'intro de l'album, qui pour l'anecdote provient de la bande son d"Epouses
Capricieuses").
Le temps de mixer tout ça et l'album sort à Noël 1993.
On y retrouve les premières versions des plus grands hits de Clair
Obscur,
comme "Un ange", "Rebèle", et bien sûr le
célèbrissime "Zombidur et Zombimou" que l'on ne présente
plus.
On y trouve aussi quelques reprises mémorables telles que "Zombie"
des Cranberries,
"Hit the road, Jack" de Ray Charles, et d'autres moins mémorables
voire honteuses telles que "Déjeuner en paix" de Stéphane
Eicher et "Mathilde" de Brel. Puisse personne ne trouver les bandes
master que j'ai caché loin loin au fond du jardin...
Figure aussi sur cet album le dernier morceau chanté par Stéphane qui a juré qu'on ne l'y reprenderait plus: "La demande", titre dédié à Jean-Marc Molina, son mentor musical. L'enregistrement de ce morceau fut la cause du renvoi du grenier de la grand mère dont le sonotone s'était inexplicablement mis à siffler.
Cet album marque un autre tournant dans la carrière du groupe : c'est la première fois que des gens l'écoutent sans mourir de rire, voire même sans mourir tout court.
"Il faut aller plus loin", dit Stéphane à Florence, et ils couchent ensemble.
"Non, je parlais du groupe", dit Stéphane après avoir repris son souffle, et ils se mettent en quête d'un batteur...
Ce batteur, ils
le trouveront à Esbly (Seine-et Marne) lors d'une brocante où
Florence force Stéphane à vendre ses vieux jouets: entre une
caisse de schtroumpfs et des playmobils, ils ont posé une petite annonce
: "cherche batteur".
Et le miracle se produit, il est jeune il est beau il a 18 ans et une casquette,
il s'avance, se présente, Sylvain Jacquesson, batteur.
Stéphane
lui envoie une copie de "Aux alentours de nullepart"; Sylvain aime,
il signe.
L'aventure commence...
Le groupe décide alors d'installer ses quartiers dans la cave de sylain,
spécialement aménagée : isolation phonique ayant reçu
le label "J'emmerde mes voisins", installation éléctrique
capable de supporter le pédalier d'effets guitare bricolé par
Stéphane (qui aurait donné un ulcère à tout fonctionnaire
au Commisssariat à l'Energie Atomique possédant un minimum de
conscience professionnelle) et bien sûr quelques aménagements
destinés à stimuler la créativité de nos musiciens
(lumières psychédéliques, canapé moelleux et l'équivalent
aux normes OCB de trois rouleaux de papier peint).
Coté sono, Florence et Stéphane décident d'investir :
enceinte amplifiée JBL 180 watts et deux micros Shure (Beta 58 et sm
58).
Dès les premières sessions, un problème se pose : Stéphane,
en bon autodidacte convaincu n'ayant jamais appris le solfège et n'ayant
jamais travaillé avec un batteur, a toujours composé ses musiques
avec une anarchie euphorique : dans "Theater", par exemple, les
chorus sont sur trois temps alors que les couplets auraient tendance à
vouloir se jouer sur quatre temps et demi...Sylain s'en fout, en bon batteur
de heavy métal, il ne joue que sur quatre temps et rien d'autre.
S'en suit une certaine cacophonie, loin de déranger nos trois musiciens
toujours contents de jouer à donf, mais qui contraindra tout de même
Stéphane à réécrire tous ses morceaux.
Dans le même temps, devant l'incapacité de Sylvain à prononcer
correctement "Eilean", Stéphane part à la recherche
d'un nouveau nom de groupe...
Au fil des semaines, le groupe se rôde, de nouvelles compos apparaissent, et les textes en anglais sont peu à peu abandonnés, devant l'hilarité générale que provoque l'accent de Florence. La traque au bassiste est lancée mais se révèle infructueuse, à tel point que Stéphane, désespéré, rappelle Florent qui accoure tel Zorro au volant de sa Renault 11, sa basse Maison sous le bras (une copie Taïwanaise d'une copie Coréenne d'une copie Japonaise d'un machin conçu par quelqu'un qui devait avoir une vague idée de ce qu'est une basse). Mais son retour au sein du groupe avorte à cause de petits problèmes de divergences d'opinions (l'opinion de Florent étant que Sylvain, de part son jeune âge,manque quelque peu de culture musicale, alors que l'opinion dudit Sylvain se résume à la seule phrase prononcée durant le session: "c'est qui ce guignol?").
1997: l'évènement
qui précipite les choses : le premier concert d'Eilean.
Florence a négogié la salle de la pizzeria de Ris Orangis, et
la date est fixée au 10 juin.
Stéphane
recrute de force Ronald Nedjar, un collègue de bureau autrefois bassiste.
Mais la date approche, il n'a que trois semaines pour se remettre à
la basse et apprendre les quelques vingt morceaux de la set-list. Le défi
est relevé, Ronald se met à la tâche.
Trois semaines plus tard, Stéphane, Florence et Sylvain sont rassurés.
Ronald ne connait toujours pas une seule ligne de basse du groupe, mais quand
il se plante, il le fait avec panache. Le groupe est prêt.
Le concert sera un énorme succes. Pour la reprise de Zombie des Cranberries,
le basse sera confiée à Florent, mais il faut tout de même
saluer la très belle prestation de Ronald qui joua durant deux heures
sans oser dire que la rampe de spots posée à ses côtés
lui brûlait la jambe.
Grisé par cette expérience, Ronald accèpte de continuer
l'aventure, à condition qu'on lui amène d'urgence un tube de
biaffine.
Stéphane, en plein trip progressif, rebaptise le groupe.
Eilean devient Clair Obscur.
Et l'aventure continue...
L'histoire de la Les Paul
Florence
m'a offert un rêve.
C'était à Noël 99.
Cette année là, elle m'avait demandé ce que je voulais
pour Noël et je lui avais répondu en plaisantant:
une Gibson Les Paul Reissue 1960. C'était la guitare de mes rêves,
directement issue de la Standard 1958 de Jimmy Page;
le corps en acajou massif et les vernis appliqués à la main
lui conféraient une sonorité extraordinaire.
Pour mon malheur, j'étais rentré un jour chez California Music
pour l'essayer. Le confort du manche était tel qu'elle donnait l'impression
de jouer toute seule.
J'étais sorti du magasin en sachant que je ne pourrais plus jamais
regarder ma vieille guitare de le même façon. J'avais contemplé
un rêve inaccessible dont le prix équivalait à deux mois
de mon salaire de l'époque.
Or donc, j'ai finalement suggéré à ma jolie Mère
Noël des présents plus raisonnables, tels qu'un nouveau potentiomètre
pour ma vieille wah wah, ou une pédale de trémolo,
enfin quelque chose qui ne nous oblige pas à vendre notre voiture et
hypothéquer les biens de nos enfants et petits enfants à venir.
Le soir de Noël arriva, je lui offris la glace indienne que je lui avait
déniché, et quand vint son tour de distribution de cadeaux,
après avoir déposé divers paquets enrubannés sur
les genoux des membres de la famille présents,
elle sortit du salon et revint avec un gros paquet informe qu'elle me tendit.
Puis elle s'éclipsa de nouveau, et alors que j'arrachais le papier
de mon cadeau pour découvrir, non sans stupéfaction, un énorme
jambon de pays, elle s'en revint le yeux brillants avec une énorme
boite que je reconnus immédiatement comme l'étui en cuir d'une
Gibson Les Paul Reissue 1960.
Je
crois bien que j'ai pleuré.
Je crois bien aussi que cette nuit-là,
je me suis relevé plusieurs fois pour ouvrir l'étui et toucher
la guitare, juste histoire de m'assurer que je n'avais pas rêvé...